C’est au XIIe siècle qu’il faut remonter pour assister à la fondation du monastère de Flotin. En 1169, le prieur Guillaume et ses disciples choisirent le domaine pour leur retraite. Et on les comprend, tout semble fait pour attirer les hommes désireux de recueillement et de paix.
« Les animaux sauvages rarement troublés par les meutes royales y avaient établi de paisibles et antiques demeures, les eaux par une barrière naturelle cernaient le lieu et l’isolaient comme une île, une muraille de verdure se dressait partout, ne laissant voir que le ciel, une végétation de chênes, de bruyères et de genêts, invitant par son calme et son sérieux à la méditation, en un mot la nature âpre et agreste d’un pays qui conserve encore quelques traces de la sauvagerie primitive, tout semblait fait pour attirer les hommes avides de recueillement et de paix. »
Sa position au milieu des eaux lui fit donner, parait-il, le nom de Flotin.
« Méditation, prière, sobriété, silence, travail, voilà la devise de la sage maison de Flotin »
A cette époque, « l’austérité était une vertu fort appréciée, et dans le cœur de ceux qui ne la pratiquaient pas, elle excitait toujours d’ardentes sympathies. Le nouveau monastère devint donc un objet de respect et d’affection. Les dons affluent. »
Grâce à ces dons, dès 1180, le prieuré est déjà de belle importance et prospère. Cloîtres, salle capitulaire, dortoir et une église terminée au début du XIIIe siècle. Il attire une certaine affluence et de nombreux seigneurs souhaitent s’y faire enterrer.
« Ainsi, jusque dans les premières années du XIVe siècle, tout souriait au monastère de Flotin »
Cependant, en 1337 éclate la guerre de cent ans, celle qui sera le théâtre des exploits de Jeanne d’Arc. Les donations se font alors rares, Flotin s’efface derrière le passage des Anglais. Malgré les efforts de certains religieux pour y faire revivre les anciennes pratiques, le monastère périclite peu à peu et s’éteint au début du XVIIe siècle. S’ensuit une bataille pour récupérer le domaine. Finalement les bâtiments en ruine furent convertis en ferme ; l’église servit de grange.
A la Révolution française, tous les biens furent saisis puis vendus. L’ancien prieuré est rasé par le nouveau possesseur le Général Andrieux en 1793 qui reconstruisit à la place un château. Il vendit toutes les pierres qui servirent à paver les rues de Boiscommun.
En 1827, le docteur Cayol récupère le domaine. Suite au général, il y a beaucoup à faire pour mettre le domaine en état. Bien que le docteur suive les avancées depuis Paris, ce sont surtout sa femme et ses filles qui vivront et entretiendront Flotin. Ils constitueront les deux piliers de l’entrée avec les dernières pierres de l’église, puis construiront la chapelle, en 1847, dans laquelle quelques modillons du prieuré sont insérées.
La deuxième fille du docteur, Marie-Caroline, épouse l’avocat Eugène de Maulde. C’est leur fils, René de Maulde qui fut l’héritier du domaine et qui écrivit La Notice Historique sur l’ancien prieuré de Flotin dans la forêt d’Orléans. Les générations suivirent, jusqu’en 1952.
En 1952, Pierre Johanet et sa femme achètent le domaine, il décède en 1965. En 1983, Flotin fait l’objet d’une vente par adjudication. C’est Catherine Raguet, leur fille, qui le rachète et le revend en 1991.
Le domaine passe encore entre quelques mains, avant d’être acheté par la Communauté de Commune du Pithiverais Gatinais en 2013.
Les premiers enfants de l’accueil de loisirs « Les Lutins de Flotin » arrivent en 2019, après deux ans de travaux. Quoi de mieux que de faire revivre ce lieu à travers des rires d’enfants ?
L’association « Les Jardins de la voie romaine » s’installent en avril 2021 après la signature d’une convention de prêt à usage avec la Communauté de Communes du Pithiverais Gatinais.
« Notice historique sur l’ancien prieuré de Flotin, dans la forêt d’Orléans » par Renée de Maulde, petit-fils du docteur Cayol, 1867